Jean-Paul Sartre a considéré La Chute de Camus comme “le plus beau peut-ê̂tre et le moins compris” de ses livres. Il a raison dans la mesure où il s’agit d’une oeuvre à la fois la plus parfaite et la plus ambuguë̈ des oeuvres camusiennes. Mais il est très intéressant de constater que Sartre lui-mê̂me a apporté sa pierre à l’édifice de cette oeuvre hautement symbolique, car on dit que La Chute est issue de la polémique entre Sartre et Camus autour de L’Homme révolté. Suivant cette thèse généralement admise, notre étude vise à pénétrer la pensée de l’intellectuel Camus et à regarder de plus près la culture des intellectuels de gauche français des années 1950, en fouillant dans le texte de La Chute les traces de cette polémique qui a marqué l’histoire des intellectuels français au vingtième siècle.
En octobre 1951, Camus a publié L’Homme révolté dont la thèse principale est de réfuter le messianisme de Marx annonçant la société sans classes et la fin de l’histoire, alors que “toute critique adressée au totem marxiste était alors taboue”, comme l’a bien dit Jeanyves Guérin. Sartre, compagnon de route, a chargé Francis Jeanson de critiquer sévèrement le livre et celui-ci a publié un article intitulé “Albert Camus ou l’â̂me révoltée” dans Les Temps modernes, mai 1952, où il n’a pas ménagé de mots acerbes en attribuant à l’auteur de La Peste “cette morale de Croix-Rouge” avant de conclure que “L’Homme révolté, c’est d’abord un grand livre manqué.” Camus a réagi en expédiant sa “Lettre au Directeur des Temps modernes” qui allait ê̂tre publiée dans le numéro d’aoû̂̂t 1952 des Temps modernes avec la “Réponse à Albert Camus” de Sartre et la riposte de Jeanson intitulée “Pour tout vous dire ...”.
Dans sa “Lettre” à Sartre qui commence par “Monsieur le Directeur”, Camus insiste sur le fait que “mon livre ne nie pas l’histoire(négation qui serait dénuée de sens) mais critique seulement l’attitude qui vise à faire de l’histoire un absolu”, tout en remarquant que “votre critique me fait écrire en effet que l’existentialisme(comme le stalinisme) est prisonnier de l’histoire.” Selon l’auteur de L’Homme révolté, “le marxisme, après un siècle de transformations accélérées dans notre économie, doit ê̂tre périmé” et “le matérialisme historique, par sa logique mê̂̂me, doit se dépasser ou se contredire, se corriger ou se démentir.” Il n’oublie pas de dire à propos des intellectuels bourgeois : “Le pluriel ici est sans doute de trop, mais l’adjectif est significatif. Il y a du repentir en effet dans le cas de ces intellectuels bourgeois qui veulent expier leurs origines, fû̂t-ce au prix de la contradiction et d’une violence faite à leur intelligence. Dans le cas qui nous occupe par exemple, c’est le bourgeois qui est marxiste, alors que l’intellectuel défend une philosophie qui ne peut se concilier avec le marxisme.” Il va sans dire que “l’intellectuel” au singulier désigne ici Sartre.
Vexé par la forme de cette lettre plutô̂t que son contenu, Sartre lui riposte dans sa “Réponse à Albert Camus” qui commence par “Mon cher Camus”, en disant d’emblée : “Notre amitié n’était pas facile mais je la regretterai. Si vous la rompez aujourd’hui, c’est sans doute qu’elle devait se rompre.” Il ne mâ̂che pas ses mots à tel point qu’il déclare : “Une dictature violente et cérémonique s’est installée en vous, qui s’appuie sur une bureaucratie abstraite et prétend faire régner la loi morale.” Il souligne également ; “Il se peut que vous ayez été pauvre mais vous ne l’ê̂tes plus ; vous ê̂tes un bourgeois, comme Jeanson et comme moi.” Et en tant que normalien et agrégé de philosophie, il donne une leçon à son ami déjà ancien : “Et si votre livre témoignait simplement de votre incompétence philosophique? S’il était fait de connaissances ramassées à la hâ̂te et de seconde main?” Il n’oublie pas d’ajouter que “votre personnalité qui fut réelle et vivante tant que l’événement la nourrissait devient un mirage ; en 44 elle était l’avenir, en 52 elle est le passé”, avant de donner ses derniers mots : “La Revue vous ê̂tes ouverte si vous voulez me répondre, mais moi, je ne vous répondrai plus. [...] J’espère que notre silence fera oublier cette polémique.” Par cette “Réponse”, tout a été fini entre les deux intellectuels les plus célèbres de l’histoire des intellectuels français au vingitème siècle.
Leur rupture était définitive. Selon l’expression de leur ami commun Robert Gallimard, c’était “une histoire d’amour manquée”. Camus était profondément blessé par la trahison de son ami. Qui plus est, la plupart des intellectuels de gauche se détournaient de lui. Complètement isolé dans les milieux intellectuels parisiens, il devait traverser le désert tout seul. Après quatre ans de douleur et de solitude, il revient avec La Chute, en mai 1956, et ses lecteurs le reconnaissent sans difficulté dans ce personnage singulier qui s’appelle Jean-Baptiste Clamence, “prophète qui crie dans le désert”. En effet, les traces de la polémique avec Sartre y sont trop nombreuses pour ê̂tre énumérées toutes. Juge-pénitent, Clamence exerce dans un bar d’Amsterdam sa fonction consistant à faire une confession publique. Mais sa confession est “calculée”. Il s’accuse pour avoir le droit de juger les autres. Il dénonce ainsi “la dureté de coeur de notre classe dirigeante et l’hypocrisie de nos élites”. Sartre et les intellectuels de gauche figurent dans ceux qu’il appelle “nos humanistes professionnels”. Surtout, Jean-Baptiste Clamence, qui se nomme “prophète vide pour temps médiocres”, représente l’auteur de L’Homme révolté qui a fermement critiqué le messianisme de Marx. C’est dans ce sens-là qu’il est un homme révolté. Et c’est pourquoi sa “confession dédaigneuse” est aussi une accusation contre les intellectuels marxistes et contre l’idéologie dominante de l’époque.
Avant de terminer, une question se pose : pourquoi Camus a-t-il écrit L’Homme révolté tout en sachant qu’il allait recevoir des coups d’attaque de la part des intellectuels communistes ou pro-communistes? ; autrement dit, pourquoi a-t-il risqué sa situation confortable en se présentant comme un cavalier seul contre le marxisme, alors que presque tous les intellectuels de gauche non-communistes détournaient les yeux de la dictature communiste ou se taisaient devant l’existence du camp de concentration sous le régime stalinien? Voici notre réponse : c’est pour garder son “honnê̂teté intellectuelle” qu’il considérait comme la plus haute valeur morale qu’un intellectuel doit respecter comme il faut. C’est précisément dans ce sens-là que nous pourrons dire qu’il est un Meursault qui “refuse de mentir” et qui, par là mê̂me, “ne joue pas le jeu”. Nous jouons le jeu “pour simplifier la vie”, dit-on. Mais Meursault “ne veut pas simplifier la vie” et donc “il dit ce qu’il est, il refuse de masquer ses sentiments et aussitô̂t la société se sent menacée”. De même que Meursault est “condamné parce qu’il ne joue pas le joue”, de mê̂me l’auteur de L’Homme révolté, qui refusait de mentir, a dû̂ ê̂tre puni par les intellectuels marxistes qui se sentaient menacés. Selon l’auteur de L’Etranger, Meursault est “un homme pauvre et nu, amoureux du soleil qui ne laisse pas d’ombres”, et “une passion profonde, parce que tenance, l’anime, la passion de l’absolu et de la vérité.” Tout comme Meursault qui “sans aucune attitude héroï̈que, accepte de mourir pour la vérité”, Camus est un intellectuel qui est profondément animé par la passion de la vérité “sans laquelle nulle conquê̂te sur soi et sur le monde ne sera jamais possible.” L’auteur de L’Etranger a dit qu’il avait essayé de figurer dans son personnage “le seul christ que nous méritions”. Et nous dirons que l’intellectuel Camus est peut-ê̂tre “le seul intellectuel crucifié que nous méritions”. Du moins, l’histoire des intellectuels français au vingtième siècle le prouve bien, nous semble-t-il.
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Jean-Paul Sartre a considéré La Chute de Camus comme “le plus beau peut-ê̂tre et le moins compris” de ses livres. Il a raison dans la mesure où il s’agit d’une oeuvre à la fois la plus parfaite et la plus ambuguë̈ des oeuvres camusiennes. Mais il est très intéressant de constater que Sartre lui-mê̂me a apporté sa pierre à l’édifice de cette oeuvre hautement symbolique, car on dit que La Chute est issue de la polémique entre Sartre et Camus autour de L’Homme révolté. Suivant cette thèse généralement admise, notre étude vise à pénétrer la pensée de l’intellectuel Camus et à regarder de plus près la culture des intellectuels de gauche français des années 1950, en fouillant dans le texte de La Chute les traces de cette polémique qui a marqué l’histoire des intellectuels français au vingtième siècle.
En octobre 1951, Camus a publié L’Homme révolté dont la thèse principale est de réfuter le messianisme de Marx annonçant la société sans classes et la fin de l’histoire, alors que “toute critique adressée au totem marxiste était alors taboue”, comme l’a bien dit Jeanyves Guérin. Sartre, compagnon de route, a chargé Francis Jeanson de critiquer sévèrement le livre et celui-ci a publié un article intitulé “Albert Camus ou l’â̂me révoltée” dans Les Temps modernes, mai 1952, où il n’a pas ménagé de mots acerbes en attribuant à l’auteur de La Peste “cette morale de Croix-Rouge” avant de conclure que “L’Homme révolté, c’est d’abord un grand livre manqué.” Camus a réagi en expédiant sa “Lettre au Directeur des Temps modernes” qui allait ê̂tre publiée dans le numéro d’aoû̂̂t 1952 des Temps modernes avec la “Réponse à Albert Camus” de Sartre et la riposte de Jeanson intitulée “Pour tout vous dire ...”.
Dans sa “Lettre” à Sartre qui commence par “Monsieur le Directeur”, Camus insiste sur le fait que “mon livre ne nie pas l’histoire(négation qui serait dénuée de sens) mais critique seulement l’attitude qui vise à faire de l’histoire un absolu”, tout en remarquant que “votre critique me fait écrire en effet que l’existentialisme(comme le stalinisme) est prisonnier de l’histoire.” Selon l’auteur de L’Homme révolté, “le marxisme, après un siècle de transformations accélérées dans notre économie, doit ê̂tre périmé” et “le matérialisme historique, par sa logique mê̂̂me, doit se dépasser ou se contredire, se corriger ou se démentir.” Il n’oublie pas de dire à propos des intellectuels bourgeois : “Le pluriel ici est sans doute de trop, mais l’adjectif est significatif. Il y a du repentir en effet dans le cas de ces intellectuels bourgeois qui veulent expier leurs origines, fû̂t-ce au prix de la contradiction et d’une violence faite à leur intelligence. Dans le cas qui nous occupe par exemple, c’est le bourgeois qui est marxiste, alors que l’intellectuel défend une philosophie qui ne peut se concilier avec le marxisme.” Il va sans dire que “l’intellectuel” au singulier désigne ici Sartre.
Vexé par la forme de cette lettre plutô̂t que son contenu, Sartre lui riposte dans sa “Réponse à Albert Camus” qui commence par “Mon cher Camus”, en disant d’emblée : “Notre amitié n’était pas facile mais je la regretterai. Si vous la rompez aujourd’hui, c’est sans doute qu’elle devait se rompre.” Il ne mâ̂che pas ses mots à tel point qu’il déclare : “Une dictature violente et cérémonique s’est installée en vous, qui s’appuie sur une bureaucratie abstraite et prétend faire régner la loi morale.” Il souligne également ; “Il se peut que vous ayez été pauvre mais vous ne l’ê̂tes plus ; vous ê̂tes un bourgeois, comme Jeanson et comme moi.” Et en tant que normalien et agrégé de philosophie, il donne une leçon à son ami déjà ancien : “Et si votre livre témoignait simplement de votre incompétence philosophique? S’il était fait de connaissances ramassées à la hâ̂te et de seconde main?” Il n’oublie pas d’ajouter que “votre personnalité qui fut réelle et vivante tant que l’événement la nourrissait devient un mirage ; en 44 elle était l’avenir, en 52 elle est le passé”, avant de donner ses derniers mots : “La Revue vous ê̂tes ouverte si vous voulez me répondre, mais moi, je ne vous répondrai plus. [...] J’espère que notre silence fera oublier cette polémique.” Par cette “Réponse”, tout a été fini entre les deux intellectuels les plus célèbres de l’histoire des intellectuels français au vingitème siècle.
Leur rupture était définitive. Selon l’expression de leur ami commun Robert Gallimard, c’était “une histoire d’amour manquée”. Camus était profondément blessé par la trahison de son ami. Qui plus est, la plupart des intellectuels de gauche se détournaient de lui. Complètement isolé dans les milieux intellectuels parisiens, il devait traverser le désert tout seul. Après quatre ans de douleur et de solitude, il revient avec La Chute, en mai 1956, et ses lecteurs le reconnaissent sans difficulté dans ce personnage singulier qui s’appelle Jean-Baptiste Clamence, “prophète qui crie dans le désert”. En effet, les traces de la polémique avec Sartre y sont trop nombreuses pour ê̂tre énumérées toutes. Juge-pénitent, Clamence exerce dans un bar d’Amsterdam sa fonction consistant à faire une confession publique. Mais sa confession est “calculée”. Il s’accuse pour avoir le droit de juger les autres. Il dénonce ainsi “la dureté de coeur de notre classe dirigeante et l’hypocrisie de nos élites”. Sartre et les intellectuels de gauche figurent dans ceux qu’il appelle “nos humanistes professionnels”. Surtout, Jean-Baptiste Clamence, qui se nomme “prophète vide pour temps médiocres”, représente l’auteur de L’Homme révolté qui a fermement critiqué le messianisme de Marx. C’est dans ce sens-là qu’il est un homme révolté. Et c’est pourquoi sa “confession dédaigneuse” est aussi une accusation contre les intellectuels marxistes et contre l’idéologie dominante de l’époque.
Avant de terminer, une question se pose : pourquoi Camus a-t-il écrit L’Homme révolté tout en sachant qu’il allait recevoir des coups d’attaque de la part des intellectuels communistes ou pro-communistes? ; autrement dit, pourquoi a-t-il risqué sa situation confortable en se présentant comme un cavalier seul contre le marxisme, alors que presque tous les intellectuels de gauche non-communistes détournaient les yeux de la dictature communiste ou se taisaient devant l’existence du camp de concentration sous le régime stalinien? Voici notre réponse : c’est pour garder son “honnê̂teté intellectuelle” qu’il considérait comme la plus haute valeur morale qu’un intellectuel doit respecter comme il faut. C’est précisément dans ce sens-là que nous pourrons dire qu’il est un Meursault qui “refuse de mentir” et qui, par là mê̂me, “ne joue pas le jeu”. Nous jouons le jeu “pour simplifier la vie”, dit-on. Mais Meursault “ne veut pas simplifier la vie” et donc “il dit ce qu’il est, il refuse de masquer ses sentiments et aussitô̂t la société se sent menacée”. De même que Meursault est “condamné parce qu’il ne joue pas le joue”, de mê̂me l’auteur de L’Homme révolté, qui refusait de mentir, a dû̂ ê̂tre puni par les intellectuels marxistes qui se sentaient menacés. Selon l’auteur de L’Etranger, Meursault est “un homme pauvre et nu, amoureux du soleil qui ne laisse pas d’ombres”, et “une passion profonde, parce que tenance, l’anime, la passion de l’absolu et de la vérité.” Tout comme Meursault qui “sans aucune attitude héroï̈que, accepte de mourir pour la vérité”, Camus est un intellectuel qui est profondément animé par la passion de la vérité “sans laquelle nulle conquê̂te sur soi et sur le monde ne sera jamais possible.” L’auteur de L’Etranger a dit qu’il avait essayé de figurer dans son personnage “le seul christ que nous méritions”. Et nous dirons que l’intellectuel Camus est peut-ê̂tre “le seul intellectuel crucifié que nous méritions”. Du moins, l’histoire des intellectuels français au vingtième siècle le prouve bien, nous semble-t-il.
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